Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/745

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m’en allois à l’essor, vous m’en deviez advertir, puis que pour moy j’advoue que la première fois que Cryseide me raconta ses infortunes, je pris tant de plaisir à les escouter, que je n’ay peu m’empescher de m’y plaire encores à les vous redire. – Pour le moins, interrompit Alcidon, puis que vous avez commencé l’histoire de ceste genereuse fille, vous nous la devez achever. – Seigneur, respondit Hylas, je vous asseure que j’ay vuidé toute ma bourse de ce costé-là, c’est-à-dire que je n’en sçay pas d’avantage ; c’a esté de Cryseide que je l’ay apprise, et s’en estant allée sans dire adieu à persornne, j’en fis de mesme, de peur que ceux qui la gardoient ne m’accusassent de fuitte. Je n’ay peu depuis seulement scavoir en quel lieu elle s’est peu retirer. – Madame, dit alors Florice, se tournant vers Alexis, vous plaist-il d’en ouyr la fin ? – Je m’asseure, respondit la druide, que vous obligerez toute la troupe qui demeure avec impatience de scavoir ce qui en est advenu. Aussi bien ay-je opinion qu’il nous reste encores assez de chemin pour vous en donner le loisir. – N’en doutez point, madame, dit Astrée, puis que nous n’en pouvons avoir fait guere plus que la moitié, si pour le moins le sacrifice se faict, comme l’on m’a asseuré, au temple de la déesse Astrée. – Il me sera fort aisé, reprit Florice, de satisfaire à la curiosité de toute cette compagnie, puis que la mesme Cryseide y a esté