Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/749

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les hommes, et ne vous voir point. J'envoye ce fidelle serviteur pour apprendre de vos nouvelles, et vous dire des miennes. O dieux ! conservez-la, cette tant aymée Cryseide, s’il vous plaist qu’avec patience tous ses autres mal-heurs soient supportez par Arimant.

Jusques à ce dernier mot, elle ne sçavoit que penser, mais quand elle trouva le nom d’Arimant, et qu’elle cogneut qu’il estoit en vie, elle se laisse choir à genoux, joint les mains ensemble, et eslevant les yeux au Ciel : Soyez-vous à jamais louez, ô dieux ! dit-elle, de la grace qu’il vous plaist de me faire, lors que je l’ay le moins esperé. Et puis se relevant, elle fut contrainte de s’asseoir sur un lict où elle baisa plus de cent et cent fois ce livre, s’accusant de grande mescognoissance de n’avoir recogneu celuy qui le luy a apporté, et se le refigurant, elle trouve que c’estoit le fidelle Bellaris, ce jeune homme qui avoit accoustumé de luy porter les lettres d’Arimant et celuy qui l’estoit venu trouver, et qui la conduisit quand elle se sauva des mains de sa mere. Que pensois-je, disoit-elle en soy-mesme, et où avois-je les