Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/76

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D’autant que, quand les Romains, sous pretexte de vouloir secourir les Heduoys, qu’ils nommoient leurs amis et confederez, se saisirent des Gaules, et la les soubsmirent à leur Republique, l’une des principales marques de leur victoire fut de faire adorer leurs dieux par tous les endroits de leur usurpation ; ne leur semblant pas d’en estre entierement possesseurs, s’il n’y rendoient leurs dieux interessez, et obligez de la leur conserver. Et toutesfois, pour ne se monstrer au commencement trop insupportables, ils permirent aux Gaulois, qui n’adoroient qu’un Dieu, sous les noms de Tautates, Hesus, Tharamis, et Belenus, de conserver leurs anciennes coustumes, et de vivre en leur premiere religion, pourveu qu’ils souffrissent aussi la leur, sçachant bien qu’il n’y a rien qui soit plus difficile aux hommes que d’estre tyrannisez en leur croyance. Et pour cette cause quand ils entrerent dans les estats des Segusiens (outre la consideration de la déesse Diane, à qui ils pensoient que cette contrée appartenoit) ils ne voulurent y changer aucunes des coustumes, ny pour la police de mœurs, ny du gouvernement, ny de la religion.

Mais quand ils trouverent en ce bocage sacré un autel dedié à la Vierge qui enfanteroit, à l’imitation de celuy des sages Carnutes, et dessus la figure d’une Vierge qui tenoit un enfant entre ses bras, et que la divinité qui y estoit adorée estoit servie