Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/789

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luy dit que le roy avoit mandé par tous les passages des ponts, des ports et des entrées des villes, des personnes qui la recognoissoient. Cela fut cause que quelque temps apres il tira Bellaris à part, et luy commanda de chercher en diligence des habits d’homme pour la desguiser, et Clarine aussi, et soudain qu’il les auroit recouvrez, qu’il s’en allast sur le chemin par lequel elles devoient venir, pour les en advertir, et les faire habiller avant que d’entrer dans la ville.

Le fidele serviteur, aussi tost qu’il fut jour, ne manqua point à ce qu’il luy avoit ordonné, et ayant trouvé assez promptement ce qui luy estoit necessaire, s’alla mettre sur le chemin pour les attendre, cependant qu’Arimant, faisant venir quelques habits plus honnestes que ceux qu’il avoit de Bellaris, se vestit un peu plus proprement qu’il n’estoit pas.

Mais la Fortune qui n’estoit point encore lasse de travailler ces genereux amans, et qui vouloit de plus grandes preuves de leur amour et de leur courage, ordonna qu’à l’heure mesme que Bellaris avoit rencontré Cryseide, et qu’elle remercioit les dieux de ce qu’Arimant estoit arrivé sans aucun mal dans Vienne, le roy Gondebaut allant à la chasse, et piquant apres un cerf, vint passer aupres d’elle avec cinq ou six seulement qui le suivoient. Et parce qu’il prit garde qu’au mesme temps qu’elle l’avoit apperceu, elle s’estoit retirée dans un buisson voisin, et