Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/796

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fait l’autre fois. Et en mesme temps qu’elle tendit la main pour en prendre, il fit semblant de luy en vouloir donner et de l’autre main luy presenta le livre, qu’elle recogneut incontinent, et s’approchant plus pres de luy qu’elle pût, le prit si finement que personne ne s’en apperceut, et ne luy peust dire que ce mot : A demain. Cependant, sortant du temple, il s’en alla comme de coustume parmy la ville, où il apprit que veritablement le roy vouloit espouser Cryseide, qu’elle l’avoit refusé, que toutesfois il ne vouloit laisser de passer outre, s’asseurant que quand il l’auroit espousée, elle changeroit d’opinion. Le lendemain, Cryseide ne manqua point de rendre le livre avec la mesme ruze à Bellaris, et luy dit en passant : Je mourray plustost. Il entendit bien ce qu’elle vouloit dire, et admirant l’amour et la generosité de ceste fille, s’en retourna vers son maistre auquel il fit entendre ce qu’il avoit appris, et les mesmes paroles qu’elle luy avoit dites, en luy donnant le livre, qui fut une si grande consolation pour Arimant, qu’il sembloit d’estre à moitié soulagé de sa peine. Et puis prenant le livre, il adjousta les lettres qui se trouverent estre telles.

Response de Cryseide à Arimant.

Vous sçaurés plustost