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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/814

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quelque droict sur mon maistre, parce qu’il a esté autresfois son prisonnier, permets-moy que je luy monstre le contraire en la presence de ta Majesté. Premierement, que pretend-il en mon seigneur, que cela seul que luy-mesme luy a donné ? Quant tu pris la ville des Cartuges, ô grand roy ! Bellimart sçait bien en quelle obligation de la vie ce valeureux chevalier le mit. Je, ne la veux pas redire, pour n’user de reproche envers un si genereux courage que celuy de Bellimart ; bien diray-je (et il sçait que je ne ments pas) que ce ne fut pas luy qui prit mon seigneur, mais mon seigneur qui, apres luy avoir fait un signalé service, le pria de le recevoir pour son prisonnier, à condition de le traitter en chevalier, et en homme de sa condition. Si cela se peut dire prisonnier de guerre, ou plustost de courtoisie, je m’en remets au jugement que ta Majesté en, voudra faire. Mais quand cela ne seroit pas, qu’est-ce que maintenant il luy vient demander ? S’il a esté son prisonnier, il le devoit bien garder. L’a-t’il laissé aller sur sa parole ? Nullement, seigneur, garde sur garde, avec tous les soings que l’on peut avoir d’une personne, il ne l’a pas peu retenir. Et quoy ! quand on a esté prisonnier, si un prisonnier se sauve, et que celuy qui l’a perdu le rencontre en une autre province, il luy est permis de le prendre ? Nullement, seigneur, cela importe à la grandeur de ta majesté. Je ne dis pas que si Bellimart eust tousjours tenu son prisonnier dans tes Estats, qu’il n’eust