Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/824

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commandement qu’Amasis luy avoit fait de l’attendre, luy avoit fait perdre ce contentement. Ce que je regrette grandement, continua-t’elle, car elle n’est point venue et, à ce que je vois, j’eusse bien eu le loisir de retourner, puis qu’elle ne sera pas icy si tost qu’elle pensoit, pour l’accident qui est arrivé depuis. – Et qu’est-ce, dit Adamas, qu’il y a de nouveau ? – Je pensois, reprit la venerable Chrisante, que vous en fussiez adverty. Il faut que vous sçachiez qu’Argantée a esté tué en la presence de Galathée et de Polemas, par un chevalier estranger, et que, sur la fin du combat, l’un des lyons qui gardent la fontaine enchantée, cherchant à manger, est venu sur le mesme lieu, et a donné tant de frayeur aux chevaux qui estoient attelez aux chariots de Galathée et de ses nymphes, que les emportant au travers des champs, les uns se sont rompus et les autres gastez, de sorte qu’elle qui de fortune avoit mis pied à terre pour veoir mieux ou pour separer ce combat, fut contrainte de s’en aller à pied jusques à Mont-verdun, où elle a sejourné, tant pour attendre ses chariots, que la guerison du chevalier qui a tué Argantée, et y est encore, comme je croy.

Cependant qu’ils parloient ainsi, ils furent interrompus par la veue du jeune Lerindas, messager de Galathée, qui s’addressant au sage druide : Mon pere, luy dit-il, la nymphe vous mande qu’elle desire d’assister au sacrifice que vous devez