Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/827

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beauté, dict la bergere, lors qu’elle verra le contraire de ce que pour nous advantager, vous luy aurez dit de nous. – Je crains plustost, repliqua-t’il, qu’elle ne m’accuse de deffaut que d’excez en ce que je luy en ay raconté, et parce que je sçay qu’elle m’attend avec impatience, je m’en vay luy dire de vos nouvelles, et luy jurer avec verité, qu’elle peut bien faire cacher toutes ses nymphes lors que vous arriverez, si elles ne veulent qu’elles rougissent de honte et meurent d’envie.

Leonide qui estoit aupres de Daphnide, oyant ces dernieres paroles, et feignant d’en estre offencée : Et quoy ? Lerindas, est-ce ainsi que vous traictez mes compagnes ? Je vous jure, dit-elle, que je le leur raconteray. – Si vous le faictes, respondit-il, vous leur ferez double desplaisir : l’un, de leur faire paroistre qu’elles ne sont gueres belles, et l’autre d’ouyr une reproche qui les offence, et de laquelle avec raison elles ne se peuvent plaindre. Et à ce mot, sans attendre autre response, il s’en alla courant du costé de Mont-verdun. Et Adamas, craignant encores que Galathée vinst au sacrifice, afin de le faire plus promptement, se licentia de la venerable Chrisante, qui eust bien voulu y assister, n’eust esté qu’elle craignoit qu’Amasis ou Galathée ne vinssent cependant à Bon-lieu.

Peu apres toute ceste troupe arriva dans le petit pré qui estoit devant l’entrée du temple d’Astrée, où se trouva une tres-grande assemblée de pasteurs,