Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/834

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n’ayant jamais eu communication avec les peuples estrangers, sinon avec quelques Romains, a esté plus soigneuse que je ne vous sçaurois dire, de conserver entiere et pure celle qu’elle a receue de ces vieux qui, apres avoir longuement flotté sur les eaux, et qui, à cette occasion, furent nommez Gaulois, vindrent descendre par l’Ocean Armorique, et apporterent la vraye et pure religion qu’ils avoient apprise de ce grand amy de Tautates qui seul avec sa famille fut sauvé de l’inondation universelle. Or celuy-cy leur avoit enseigné qu’il n’y avoit qu’un seul Dieu qu’il nommoit Tautates, et lequel par des surnoms il appeloit quelques fois Hesus, c’est-à-dire Dieu fort et puissant, Belenus, c’est-à-dire Dieu-homme, parce qu il n’y a de toutes les creatures mortelles que l’homme seul qui le recognoisse, ou peut-estre pour un mystere caché de la naissance d’un homme-Dieu, Tharamis, c’est-à-Dieu repurgeant et nettoyant les fautes des vivans. Et cette croyance a tousjours esté conservée pure entre nous jusques en ce temps, et peut-estre nous pouvons nous vanter d’estre le seul peuple des Gaules qui ayt eu ce bonheur, car les uns, par force, les autres, de bonne volonté, et par la communication qu’ils ont eue les uns des Romains, les autres des Visigots, les autres des Vandales, Alains, Pictes et Bourguignons, ont perdu ceste pureté que nous avons tousjours retenue, et en nostre