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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/836

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louange de la bouche d’Alexis, dit Astrée, parce que je desire d’estre telle qu’elle me dit, pour luy pouvoir estre agreable, et qu’elle n’estant pas bergere, mais druide, je ne pense luy faire point de tort en l’acceptant. – Quand je serois bergere, respondit Alexis, vous ne devriez faire de difficulté de la recevoir, puis qu’elle vous est si bien deue, et que, quand vous en feriez quelque difficulté par un excez de modestie, enfin la raison vous y contraindroit par le jugement de tous. Mais, belle bergere, ne parlons pas d’advantage d’une chose que personne ne peut nier, et voyons, je vous supplie, ce qui est sur cet autel, que je croy vous avoir esté dressé par les Pans et Egypans de ceste contrée sous le nom de la déesse Astrée.

La bergere, oyant parler de ceste sorte Alexis, demeuroit encore plus ravie que de coustume, car il luy sembloit d’ouyr tout à faict parler Celadon quand il luy tenoit de semblables discours, et ceste ressemblance luy donnoit tant de contentement qu’elle ne le pouvoit cacher à ses compagnes. Et en mesme temps qu’elles s’approcherent de l’autel, Diane et Phillis en firent de mesme, ayans avec elles Daphnis, qui estonnée de ce que ses compagnes luy disoient de ce lieu, alloit avec elles considerant tout ce qui y estoit. Et de fortune Diane jettant la main sur l’un des petits rouleaux de papier, dont il y en avoit quantité sur l’autel, et le desployant,