Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/845

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

puis qu’en la condition qu’il demande à ceux qui y peuvent entrer, je suis certain que je n’ay point de deffaut qui soit en l’amour, la mienne estant telle, que j’aimerais mieux la mort, que d’y souffrir aucun manquement. – Belle imagination ! je vous asseure, s’escria Hylas. Et dis-moy, Silvandre, où sont ces parfaictes personnes que tu nous vas imaginant ? – Tu as raison, respondit Silvandre, de demander où elles sont. Je croy que malaisément les sçaurois-tu recognoistre, et toutesfois il y en a tant icy que je ne me puis empescher de te les nommer.

Qu’est-ce que tu reprendras en Phillis ? – Elle est trop gaye, dit Hylas. – Et en Astrée ? adjousta le berger. – Elle est trop triste, respondit Hylas. – Et en Diane ? continua Silvandre. – Elle est trop sage, repliqua-t’il. – Et en Alexis ? reprit le berger. – Elle sçait trop, dit Hylas. – Et en Leonide ? continua Silvandre. – Trop ou trop peu, respondit Hylas. – Et en Celidée ? adjousta Silvandre. – Sa vertu me faict horreur, repliqua-t’il. – Mais que diras-tu de Florice ? dit le berger. – Qu’elle a un mary jaloux, respondit-il. – Et quoy de Palinice ? reprit Silvandre. – Qu’elle croit aisément d’estre aimée, dit Hylas. – Et de Circene ? reprit le berger. – Qu’elle esmeut sans resoudre, repliqua-t’il. – Et que reprendras-tu en Carlis ? dit Silvandre. – Qu’elle m’a trop et trop aymé, respondit Hylas. – Et en Stiliane ? adjousta Silvandre. – Qu’elle est trop fine, dict Hylas. – Et en Daphnide ?