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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/852

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interrompit Silvandre, ne sont pas plus grandes que celle-cy, je croy, Hylas, que tu n’as guere dequoy te vanter. – Et quoy ? respondit Hylas, tu n’estimes point la faveur qu’Alexis m’a faite ? – J’estime, continua Silvandre, ce que la belle Alexis a fait pour toy, mais en qualité de rançon et non pas de faveur. – Et qu’est-ce, reprit Hylas, que tu veux dire ? – J’entends, continua Silvandre, que ceste sage et belle druide, pour se rachepter de l’importunité qu’elle reçoit de toy, a esté bien aise de te permettre de baiser sa main et sa robbe, comme pour sa rançon et pour estre à l’advenir libre et exempte de ce qui la travailloit si fort. – Je serois bien trompé, dit Hylas, si tu disois vray. Mais je sçay, Silvandre, que dés long-temps tu es mon ennemy, je ne veux donc point croire à tes paroles, non plus que je ne te conseille pas d’adjouster foy aux miennes, quand je diray quelque chose contre toy. Mais vous, ma maistresse, dit-il, s’adressant à Stelle, ne vous arrestez point aux discours de ce berger, autrement je suis asseuré que vous ne m’aimerez guere.

Stelle qui n’estoit pas ignorante de l’humeur de Hylas, et qui toutesfois ne la trouvoit point desagreable : Mon nouveau serviteur, luy dit-elle, je cognois de sorte Silvandre, qu’il ne faut pas que vous m’en disiez d’avantage. Mais, continua-t’elle, est-ce à bon escient que vous voulez estre mon serviteur ? – Comment ? reprit Hylas, pensez-vous que je sois dissimulé comme vos