Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/871

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rond, et qu’il y en eust un pour Diane un peu relevé, et appuyé contre le dos d’un arbre, de qui le feuillage espais faisoit tout à l’entour un ombrage gratieux. Et lors que tout fut en l’estat qu’il desiroit, se faisant apporter trois guirlandes de diverses fleurs, qui avoient esté cueillies dans le pré sacré, il en mit une sur la teste de Diane, et de mesme sur celle de Phillis et de Silvandre, et puis, prenant Diane par la main, la mit en son siege, et au devant d’elle à main droicte, mais un peu esloignée, la bergere Phillis, et Silvandre au costé gauche, et tout le reste en rond, ayant mis les sieges de telle sorte que l’un n’empeschoit point l’autre, mais faisoient comme une parfaite couronne qui commençoit et finissoit où estoit Diane.

Apres avoir prié qu’on fist silence, il ordonna à Leonide de faire entendre à ces bergeres estrangeres le commencement de la dispute de Phillis et de Silvandre, afin qu’elles peussent mieux juger de leur different, estant bien raisonnable qu’elle en racontast le subject, puis qu’en partie elle en avoit esté cause. Leonide qui n’avoit point pensé devoir faire en cette assemblée autre personnage que celuy d’escouter, fut un peu surprise d’en avoir un autre. Toutesfois pour obeyr au druide, apres y avoir un peu pensé, elle prit la parole de cette sorte, se tournant vers Daphnide : Peut-estre, madame, aurez-vous remarqué que Silvandre et Phillis