Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/916

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belle Diane que Phillis et moy avons servie quelque temps, mais je sçay bien aussi que vous m'avez autrefois permis de vous tenir pour ma maistresse. Et me pensez-vous estre de l'humeur d'Hylas ? Pardonnez-moy, s'il vous plaist, je hay trop l'inconstance et ceste humeur volage, pour changer de ceste sorte ; permettez-moy que je vous sois celuy que j'ay commencé de vous estre, et vueillez estre celle que vous m'avez esté.

Hylas, qui ne hayssoit point Silvandre, luy semblant l'un des plus accomplis bergers de toute la contrée, encore qu'incessamment ils eussent dispute ensemble : Il me semble, belle Diane, dit-il, que plusieurs raisons vous obligent à trouver bon ce que ce berger vous propose, et ausquelles vous ne pouvez contrevenir, sans offencer vostre beau jugement. Que si, pour relever de cette peine, vous voulez que ce soit moy qui declare quelle est vostre intention, en ce que vous avez ordonné sur le different, j'auray bien tost condamné Sylvandre. - Je vois bien, Hylas, respondit Diane en sousriant, que vous seriez aussi bon juge pour eux que vous estes bon conseiller pour moy. - Non, non, interrompit Phillis, je ne veux point de juge suspect. Silvandre auroit raison de tenir Hylas pour tel, mais s'il plaist au sage Adamas, il en ordonnera.

Adamas alors, prenant la parole : Il n'est pas raisonnable, dit-il, que quelqu'un juge par dessus Diane, mais ne laissez d'alleguer ce que vous pensez estre à vostre advantage, et