Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/94

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Vueillez ou ne me vueillez point,
Me donnant à vous, je suis vostre.

DAPHN.

Si nostre vouloir ne s’y joint,
Ce qu’on nous donne n’est pas nostre :
Et je refuse franchement
De vous recevoir pour amant.

ALC.

Recevez-moy pour serviteur,
Si vostre amant je ne puis estre.

DAPHN.

Non, non, je ne vous veux, Pasteur,
Ny pour serviteur, ny pour maistre :
Et si vous voulez vostre bien,
De moy n’esperez jamais rien.

ALC.

Quoy que fasse vostre rigueur,
Mon feu sera tousjours extreme.

DAPHN.

C’est bien avoir faute de cœur
D’aymer si fort qui ne vous ayme,
Car un bon cœur devroit chasser
Par le mepris un tel penser .

ALC.

Mais pourquoy ne se changera.
En fin ce farouche courage ?

DAPHN.

S’il’ peut changer, ce ne sera
Que pour vostre desavantage,
Mais que je vous ayme, berger,
Vous n’y devez jamais songer.

Chapitre 2

A peine la bergere eut finy ces dernieres paroles, que cessant de chanter, et voyant que le berger