Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/953

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Mais elle qui le jugea bien, luy dit qu'il fist seulement ce qu'il devoit envers ces estrangers, et qu'elle s'en alloit avec Astrée, où elle la verroit coucher, et que cependant il la pourroit venir conduire comme il desiroit.

Cette separation estant donc faite de cette sorte, apres s'estre donné le bon soir, chacun se retira en son logis, et Astrée, Diane et Phillis, assistées de Silvandre, ramenerent Adamas en la maison d'Astrée, où Phocion estoit demeuré pour l'accommoder au mieux qu'il pouvoit. Les chambres furent disposées de cette sorte : Adamas et Paris coucherent dans une qui estoit celle où souloit loger Phocion, et laquelle il avoit quittée au grand druide, parce que c'estoit la plus commode, et Alexis et Leonide furent mises dans celle d'Astrée mesme, et Astrée en avoit pris une autre, parce que celle-cy estoit la plus belle et la mieux accommodée.

Quand Adamas sceut que le departement des chambres avoit esté fait ainsi, il ne trouva pas bon que Alexis et Leonide demeurassent seuls dans cette chambre, craignant que cette fille druide, par quelque miracle d'amour, ne redevinst berger, et que Leonide qu'il sçavoit bien ne point hayr Celadon, ne fist tant de caresses à Alexis, qu'il ne luy fist faire avec les habits de druide le personnage du berger qu'elle aymoit. Cela fut cause que tirant à part Leonide, il luy dit qu'il vouloit que, quand les bergeres seroient retirées, Alexis vinst coucher en sa chambre secrettement, et qu'encores