Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/956

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nous nous logerons le mieux que nous pourrons ; car en toute sorte je ne veux point que vous ayez autre chambre que celle-cy.

Diane alors, voyant que c'estoit la volonté d'Adamas, se tournant vers Astrée: Que voulez-vous ? ma sœur, luy dit-elle; encore que nous ne meritions pas cet honneur, si vaut-il mieux obeyr en l'acceptant, que de faillir en l'obeyssance que nous luy devons. Astrée qui vid que Diane y consentoit, eut opinion qu'elle ne pouvoit faire faute puis que le druide le commandoit ainsi, et que c'estoit en la compagnie de Diane.

Durant tous ces discours, Alexis demeuroit sans parler, si estonnée de se voir dans la maison d'Astrée, et de devoir coucher, non pas dans le mesme lict, mais dans la mesme chambre avec elle, qu'elle ne sçavoit ny que faire, ny que dire, luy semblant que cette faute luy seroit irremissible, si elle estoit recogneue. Et Adamas, s'en prenant garde, lors qu'il donna le bonsoir à toutes les autres, s'approcha d'elle, et la prenant par la main, luy dit : Je pense, ma fille, que le travail du chemin vous a un peu estonné, je suis d'avis que vous reposiez, et que vous demeuriez d'avantage dans le lict que de coustume. Aussi bien Phocion m'a prié de retenir icy deux ou trois jours Daphnide et Alcidon, de sorte que, pourveu que vous soyez levée quand les autres voudront disner, c'est assez. Et puis abaissant la voix : Que veut dire, Alexis, continua-t'il, cette tristesse ? Prenez garde que vous ne