Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/96

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s’addresserent à la bergere, et apres l’avoir saluée, luy offrirent et à toute sa trouppe toute sorte d’assistance ; car en mesme temps s’approcherent d’elle deux autres bergeres et un berger, qui s’estoient escartez entre quelques arbres, attendant que la chaleur fust un peu abbatue. Daphnide voyant cette belle trouppe s’offrir à elle avec des paroles si pleines de courtoisie, luy, respondit avec toute la civilité qui luy fut possible, et puis leur dit en general à toutes : Je ne m’estonne plus si le Ciel favorise de ses graces cette contrée plus avantageusement que les autres, puis qu’elle est habitée par des personnes si accomplies de toute sorte de merite .

Astrée, prenant la parole, luy respondit : Il n’y a personne icy qui ne soit fort disposeé à vous faire service, tant pour satisfaire à nos ordonnances, qui nous commandent de rendre toute assistance aux estrangers, que pour avoir la gloire de servir des personnes qui le meritent comme vous, et vostre compagnie. – Je commence, respondit l’Estrangere, à bien esperer de la fin de mon voyage, puis que ma premiere rencontre a esté si bonne. Et puis que les offres que vous me faites me doivent donner la hardiesse de m’enquerir de ce qui m’est necessaire de sçavoir, je vous supplie donc, belle bergere, de me dire s’il y a une fontaine en cette contrée qui s’appelle, De la verité d’Amour, et où elle est ? Astrée tournant l’œil sur Paris, et sur Silvandre,