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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/972

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Doutes d'amour.

Peut-on mourir pour trop aymer ?
Si l'on mouroit, je serois morte,
Car jamais une amour si forte
N'a peu dans un cœur s'allumer.

Dans son feu peut-on s'enflamer?
Si l'on brusloit en quelque sorte,
Je croy que le feu que je porte
M'auroit desja fait consommer.

Mais si l'on ne meurt point d'amour,
Qui me donne cent fois le jour
Tant et tant de morts que j'endure ?

Et si son feu n'a point d'ardeur,
D'où vient que j'en ay la brusleure
Si cuisante dedans le coeur

Ainsi s'entretenoit cette belle et feinte druide, et cette pensée la possedoit tellement toute, qu'elle ne se souvenoit plus que peut-estre Astrée seroit esveillée, et qu'elle et Leonide, ne la trouvant point dans la chambre, seroient en peine de son esloignement. Et il advint toutesfois qu'estant desja assez