Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/981

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amie que voicy. - Madame, respondit Diane, ce me sera de l'honneur de sçavoir tout ce qu'il vous plaira me dire, et tout le mal est que je ne vaux pas la peine que vous en prenez. - Je ne doute point, sage bergere, dit la druide, que vous n'ayez assez souvent consideré ce que je vous veux dire, mais d'autant que quelquefois en nos propres affaires nous sommes plus irresolues que nous ne serions pas à donner conseil à quelque autre, et que l'opinion de nos amis nous fortifie grandement en celle que nous avions desja conceue, et d'autres-fois estant contraire, nous en divertist pour nostre bien, je ne laisseray de vous dire ce que dés hyer je representay à la belle Astrée, et suis tres-aise que Phillis y soit, afin de vous en dire son advis, puis que je sçay fort bien l'entiere confiance que vous avez en toutes deux.

Et à ce mot, elle luy rapporta toutes les considerations qu'elles avoient eues sur l'amour de Silvandre, et apres avoir conclud que ce n'estoit point par feinte, ny par gageure, mais à bon escient et qu'il n'en falloit plus douter, elle continua : Or ! ma belle fille, c'est à vous à y penser, parce qu'encores que Silvandre ne demeure pas avec la moindre peine, toutesfois ne dependant plus de luy de vous aimer ou de ne vous aimer pas, il ne luy reste plus rien à faire qu'à plaindre, ou à vivre content aupres de vous et tout ainsi que vous l'ordonnerez. Mais de vous depend