Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/160

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Ce seront des voix du monde entier qui se trouveront centralisées dans les rouleaux de celluloïd que la poste apportera chaque matin aux auditeurs abonnés ; les valets de chambre et les chambrières auront l’habitude de les disposer dans leur axe sur les deux paliers de la machine motrice et ils apporteront les nouvelles au maître ou à la maîtresse, à l’heure du réveil : télégrammes de l’Étranger, cours de la Bourse, articles fantaisistes, revues de la veille, on pourra tout entendre en rêvant encore sur la tiédeur de son oreiller.

« Le journalisme sera naturellement transformé, les hautes situations seront réservées aux jeunes hommes solides, à la voix forte, chaudement timbrée, dont l’art de dire sera plutôt dans la prononciation que dans la recherche des mots ou la forme des phrases. Le mandarinisme littéraire disparaîtra, les lettrés n’occuperont plus qu’un petit nombre infime d’auditeurs ; mais le point important sera d’être vite renseigné en quelques mots sans commentaires. Il y aura dans tous les offices de journaux des halls énormes, des spoking-halls où les rédacteurs enregistreront à haute voix les nouvelles reçues ; les dépêches arrivées téléphoniquement se trouveront immédiatement inscrites par un ingénieux appareil établi dans le récepteur de l’acoustique. Les