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Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/92

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La voix était un peu voilée de mélancolie, comme la voix des solitaires plus habituée aux soliloques intimes qu’aux discours animés des conversations, qui sont l’escrime des cordes vocales. Mais cette voix était douce, nuancée, harmonieuse et séduisante ; elle sonnait un ton de franchise loyale qui faisait le bonhomme irrémédiablement sympathique.

je le revis presque chaque jour à l’heure du flot, comme il disait, à cette heure qui est aussi attirante pour les amoureux de la mer que l’heure de la verte pour les amants de l’absinthe. Nous devisions jusqu’à la brune sur le galet ; sa causerie était brillante, imagée, caustique et très délicatement lettrée. Il semblait muni intellectuellement sur toutes ques-