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Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/423

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pleine sur cartons légers débordant sur les marges et coquettement inclinés en gouttière ; il mit au dos une pièce de titre très large, tout au haut du volume, et frappa au milieu de l’endossure un fleuron noir ou d’or. — Ce genre eut un grand succès, surtout dans le monde artiste ; Pierson eut pour clientèle tous les hommes de lettres et tous les amateurs soucieux de leur bibliothèque ; ses cartonnages étaient, il faut le dire, exécutés d’une façon délicieuse, et d’un prix très modéré ; aussi les livres affluèrent-ils dans son atelier de la rue Mazarine qui dégénéra peu à peu en usine. — Aujourd’hui Pierson est distancé : il a trop sacrifié à la quantité, et ses cartonnages n’ont plus la charmante expression et la belle facture qu’il savait encore leur donner il y a dix ans ; cependant, quand il le veut bien et qu’il consent à mettre lui-même la patte à la pâte, ce malin petit bossu fait des cartonnages très pimpants ; il a la grande qualité de ne pas être rétif aux idées nouvelles, et il accepte tout ce qu’on lui donne pour enchemiser ses cartons. Il saura travailler le papier japonais, le velours, la soie brochée ou unie d’une façon très inégale ; mais lorsqu’il est en veine, son travail est suprêmement délicat, enlevé et léger comme un compliment.

Vers 1875, parut à Paris un relieur de grand talent dans sa manière, M. Carayon, qui, rompant avec tout ce qui avait été fait dans le genre jusqu’alors, se fit