Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
iv
Son Altesse La Femme

et tyrannique, innocente et féroce, composée de débonnaires et bourgeoises individualités ; le proverbe n’est point mensonger affirmant que celui qui te courtise ou te sert peut certes se vanter d’avoir un mauvais maître.

Public inconscient, toi qui fais les modes, les fortunes, les réputations, les gloires aussi facilement que tu les subis, être hybride, en même temps mâle et femelle, qui donne et reçoit l’impulsion et dont la nature de courtisane montre toutes les provocations et toutes les viles passivités ; Public, société anonyme ridicule et lâche, qui, tour à tour, semblable au minotaure de Crète et aux moutons de Panurge, imposes tes volontés farouches et meurtrières ou emboîtes le pas niaisement aux histrions de la réclame qui te captivent ; pitoyable Public, toujours dupeur ou dupé, en défiance de la supériorité qui passe, nature de laquais devenu maître, tu donneras longtemps encore tête baissée dans tous les pièges de la sottise, dans tous les cloaques de la grossièreté, dans tous les bas-fonds de l’immondice, dans tous les faux talents de la charlatanerie, tant que les pitres et les banquistes déploieront sous ton mufle de bête délirante les écarlates couleurs qui éveillent la brute ou le clinquant pailleté qui éblouit les alouettes.

Public, divinité vulgaire et méprisable qui met le masque de l’Opinion, je jette ce nouveau livre à ton amusement ou à ton dédain ; te sachant inconstant