Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/126

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« Médecin malgré luy ». On la voit icy et là dans toutes les assemblées élevant une voix criarde, riant à corsage ouvert, lançant les termes bas et les expressions « épicières », usant de l’argot du club et de l’atelier, affectant les manières d’un monde interlope ; à moitié renversée sur les divans, vestue en Aspasie de boudoir, souriant à tous les faux brillants, à toutes les grossièretés, elle se monstre heureuse de laisser dire d’elle à ses meilleurs amis : « C’est une bonne fille ! »

Mélissondre l’androgyne ne sçauroit souffrir la société des femmes, mais elle a de quoi fournir aux compliments des hommes et sçait en leur compagnie se tenir dans son bel aimable. Bref, pour rendre mon discours complet, elle aime estre la seule idole dans la grotte où Tibulle lui rend ses hommages, eh parler Phœbus… La vogue de Mélissandre touche, hélas ! à son déclin ; lorsque les rides arrivent, on sent que l’outre se dégonfle, le vide apparoist de ces réputations en baudruche et le coucher de ces soleils malsains a des tristesses crépusculaires sans poësie ni grandeur. Mélissandre, dira-t-on bientost ?… qui cela Mélissandre ? — les plus lettrés n’auront gardé aucun souvenir de cette Précieuse d’un jour sans lendemain ; sur les vestiges misérables de cette païenne vaniteuse, on pourra inscrire .sa devise : Aspasie nepust estre, comédienne ne daigna, pauvre Philaminte fust.