Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/131

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Comment ne pas admirer ces ingénieuses et innocentes puérilités qui estoient comme les petits jeux de la conversation dans les réunions des honnestes Précieuses ? A cette Carte de Tendre, qu’il trouvoit un peu anodine et assez mal peuplée de villes de haute plaisance ou de solides rafraischissements, l’abbé d’Aubignac opposa une Relation du Royaume de Coquetterie où l’on ne voyoit qu’une grande Cité, à laquelle aboutissoient divers chemins non bordés de gistes. Dans ce nouveau païs, d’Aubignac laissoit entendre que l’on devoit faire de longues traittes pour arriver viste à ses fins. Sur cette carte minuscule, on eust pu voir la place de Cajolerie, le tournoi des Chars dorés, le combat des Belles-Jupes, la place du Roy, le palais des Bonnes-Fortunes, le combat des Récompenses, la borne des Coquettes et la chapelle des Saints-Retours.

Dans ce païs onmarchoit militairement, sans laisser à la ville le temps de se rendre ; mais les Précieuses apportaient dans leur idéal une plus juste délicatesse, elles aimoient à mitonner les plaisirs ; à laisser a deffricher leur cœur » avant de l’ensemencer de tendresse ; elles n’avoient point la forme enfoncée dans la matière, et elles se plaisoient à se sentir « encapuciner l’âme ». Leur aimable préoccupation estoit de donner de leur sérieux dans le doux d’une flatterie, et lorsqu’elles se rendoient au Cours, à « l’Escueil des libertés », elles se laissoient « pous-