Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/135

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elles se dispensent de cette coustume, ce n’est que par droit de comittimus. »

Saint-Évremond et Saumaize n’entendent parler icy que des fausses Précieuses, de celles qui firent nombre et fournirent la matière d’un Dictionnaire de locutions et de portraicts. Pour celles-cy, elles ne comprirent certes point l’amour est la maternité comme l’auguste marquise de Rambouillet ou la belle Julie de Montausier ; elles tesmoignèrent d’un tempérament froid et répulsif aux caresses. En sub- tilisant leur esprit par la métaphysique, elles momi- fièrent leur corps et furent des poupées rigides ay- mant à batailler pour l’amour, comme ce cavalier italien qui rompoit des lances en faveur d’un poëte qu’il n’avoit jamais lu. Elles représentèrent, selon un mot de l’abbé De Pure, un extrait de l’esprit et un précis de la raison ; mais on put voir qu’elles n’estoient point l’ouvrage de la nature sensible et matérielle. Les femmes qui affectent le bon sens sont rarement les femmes des sens ; l’esprit est le pondérateur de l’Amour fougueux et c’est tout au plus si la Précieuse accorda à ses soupirants ce que Tallemant, ce railleur si françois, ce Branthôme du xvne siècle, appelle la petite oie.

Pour nous résumer, il convient de distinguer les Précieuses de Cour, celles de l’hôtel de Rambouillet, même celles des Samedis de Sapho et les Précieuses bourgeoises pédantes et pincées, qui se passion-