Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/162

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prise dans l’extrême galanterie, comme tel mari que nous présente Chevrier : « Quelle impru- dence, Madame ; songez donc, sic’étoit un autre que moi ! »

Marmontel, dans ses Contes moraux, se raille de cette indépendance qui a voit sa logique : « On parle, dit-il, du bon vieux- temps. Autrefois une infidélité mettoit le feu à la maison ; Ton enfermoit, Ton bat- . toit sa femme. Si l’époux usoit de la liberté qu’il s’étoit réservée, sa triste et fidèle moitié étoit obli- gée de dévorer son injure et de gémir au fond de son ménage comme dans une obscure prison. Si elle imitoit son volage époux, c’étoit avec des dangers terribles. Il n’y alloit pas moins de la vie pour son amant et pour elle. On avoit eu la sottise d’attacher l’honneur d’un homme à la vertu de son épouse, et le mari, qui n’en étoit pas moins galant homme en cherchant fortune ailleurs, devenoit le ridicule objet du mépris public au premier faux pas que faisoit Madame. En honneur, je ne conçois pas comment, dans ces siècles barbares, on avoit le courage d’épou- ser. Les nœuds de l’hymen étoient une chaîne. Au- jourd’hui, voyez la complaisance, la liberté, la paix régner au sein des familles. Si les époux s’aiment, à la bonne heure, ils vivent ensemble, ils sont heu- reux. S’ils cessent de s’aimer, ils se le disent en honnêtes gens et se rendent l’un à l’autre la parole d’être fidèles. Ils cessent d’être fidèles, ils sont amis.