Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de ses peines n’est que de faire renvoyer l’amant en titre, pour en prendre un autre ; si, plus doux ou sû- rement plus sage, il fait semblant de ne rien voir, on le taxe de bêtise, on diminue le soin que sa femme prend de se cacher de lui pour augmenter son ridi- cule. »

La vie détachée, l’indifférence affichée, étoit donc le moyen terme ; l’époux avoit une petite mai- son où il donnoit à souper à ses connoissances ; la femme recevoit chez elle au sortir du théâtre ; l’ef- fronterie paroissoit sauver du déshonneur. Le mari appartenoit souvent d’ailleurs soit à la cour, soit à l’armée ; il voyageoit ou faisoit campagne et résidoit peu à la maison.

Si la grossesse survenoit et que l’époux eût l’as- surance d’y être étranger, la femme le mandoit en son boudoir, fermoit sa porte et s’exprimoit avec la crânerie singulière que l’on trouve chez une Caillette de ce joli conte intitulé le Spleen :

« Monsieur, disoit-elle, vous pouvez vous rap- peler qu’unis l’un à l’autre selon l’usage, c’est-à-dire par convenance, nos cœurs ne se sont point soumis aux liens que nous avons acceptés sans amour ; je vous crois trop juste, pour ne pas, faisant taire le préjugé, mettre dans la même balance nos devoirs réciproques et nos torts mutuels. Je,pourrois vous dire que je vous ai conservé la plus véritable amitié, la plus sincère estime ; je vous en ai fourni des