Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/183

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« La loi des attractions ne pouvait mentir en cette occurrence : Marie-Jean Hérault de Séchelles devait aimer Jacquette Aubert, — le hasard étant le messager galant des désirs, selon la formule des stoïciens, ces apôtres du Destin, — Jacquette était trop envahie par son amour pour n’en point faire confidence. Elle découvrit timidement un beau soir ses feux naissants à la brune citoyenne Olympe Audon, son amie et son ordinaire compagne dans la vie des clubs et des réjouissances publiques. Les femmes savent si bien confesser les femmes en matière amoureuse, que l’amie de la petite veuve comprit bien vite la nature d’un penchant si tempétueux et si entraînant. Jacquette était libre, Séchelles était garçon ; le mariage n’était plus qu’une cérémonie de consentement mutuel devant le pouvoir municipal. Elle se résolut de nouer ces deux existences et partit en campagne aussitôt.

« Ores, continua l’aïeul vénérable de qui je tiens cette anecdote, un certain Saint-Amarante, houzard de haute mine, brave et galant, engagé volontaire sous le drapeau de Mars et aussi sous l’étendard de Cupidon, qui courtisait depuis longtemps la coquette Olympe Audon, servit d’intermédiaire en cette affaire. Saint-Amarante était le compagnon d’école de Séchelles et son fidèle camarade aux heures de plaisir. Un dîner fut vite organisé en partie carrée. Il fallut beaucoup insister auprès de la pauvre