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Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/187

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des unions civiles ; ils invoquèrent la nature et la raison, se mirent à relire ensemble les théories du grand Jean-Jacques, éprouvant, se disaient-ils, une ivresse intime et infinie à braver les superstitions, les préjugés et les convenances sociales. Ils ne cherchèrent point le bonheur, ils le trouvèrent dans le mystère de leur liaison ; ils communièrent d’âme et sentirent qu’ils s’appartenaient comme ces deux moitiés humaines dont parle Platon, qui rampent l’une vers l’autre dans les tâtonnements de la vie, se cherchent désespérément, se rencontrent enfin et se soudent pour l’éternité dans un spasme voluptueux.

« L’amoureux démocrate avait loué à Chaillot, non loin de Sainte-Périne, une délicieuse maison- nette entre cour et jardin qu’il avait décorée du nom de Pavillon de V Amitié et qui avait tous les charmes de la solitude. Pendant quelques mois il y avait conduit autrefois des nymphes et demoiselles de frivolité qu’il honorait de ses faveurs, et l’on y voyait encore certain boudoir ayant la forme d’une grotte, dont la cheminée était formée d’une coquille gigantesque. Les murs y étaient tapissés de feuillage et de mousse et un tapis gazonné semé de fleurettes s’étendait sur le parquet ; partout des statuettes mythologiques et entre autres uû petit amour qui présentait cette inscription : « Fuyez loin d’ici, « profanes, si vous n’êtes purs et nus comme moi. »