Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/211

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Orient. — En y regardant bien, voyez-vous, le Directoire ne fut pas cette époque de corruption que l’on se plaît à peindre ; la morale, à l’exemple des femmes, ne mit qu’une chemisette de gaze et ne s’affubla pas d’un faux nez ; il n’est de pires vices que ceux qui se cachent et il entre une grande vertu, un fier courage dans l’impertinence de ceux qui s’affichent volontairement.

Un soir, dans un salon brillant où les déesses du jour apparaissaient vêtues du linon le plus simple, une Merveilleuse se présenta en un costume divin tissé par les Zéphirs et qu’on eût dit composé d’ailes de libellules. Ce fut un triomphe pour cette mondaine qui avait la bravoure de ses charmes. Partout montaient des cris d’admiration, des louanges justifiées, des applaudissements instantanés ; l’assistance était en délire, lorsqu’un muscadin s’avisa de parier que le poids de tout cet attirail galant, y compris les joyaux, bracelets et les cothurnes, n’excédait pas 500 grammes. Le pari fut tenu de toutes parts, et la piquante beauté, nullement effarouchée de tant de bruit, fut la première à se mettre à la disposition des parieurs. Elle se rendit en une pièce voisine, escortée de ses rivales, qui devaient procéder au pesage de sa toilette vaporeuse, et plus nue que Thémis, elle tint elle-même la balance. Bijoux, robe, boucles et chaussures ne pesaient pas au delà d’une livre. Jugez si le succès fut vif, tout