sion de tous les autres, et il y eut, s’il faut en croire les gazettes, de nombreux cas d’asphyxie qui résultèrent de la présence de bottes de fleurs accumulées dans les appartements. Une rose offerte avec un soupir tendrement souligné devenait une déclaration discrète et qui allait plus sûrement au cœur que tout le verbiage des marivaudeurs.
Combien n’ai-je pas amorcé de petites âmes tendrelettes avec des bouquets enrubannés ! Était-il besoin de paroles ! Une aimable rougeur montait au visage, un œil moitié timide, moitié reconnaissant, vous disait un merci plein d’émotion, et l’imagination partait en guerre aussitôt au pays des heureuses espérances. C’est à ces préliminaires galants que l’on sentait qu’une révolution avait traversé la France, c’est surtout à cet amour de la nature qui faisait que l’oiseau, la source, le bois, le nuage, le lac, la mer, devenaient les confidents des soupirs passionnés, que l’on devinait une société nouvelle éprise d’un idéal sain et normal. Les historiens du Directoire, ont admirablement interprété cet état en écrivant : « L’amour revêt une livrée poétique ; au lieu de circuler uniquement dans les veines de l’homme, il monte dans sa pensée, il lui est une compagnie perpétuelle et il lui peuple le monde d’yeux et d’oreilles qui l’écoutent, de confidents et de conseillers muets. L’amour se détache des sens, et au lieu de se concentrer tout en lui, il se répand