en quête d’un rédempteur de fautes qu’elle n’a point commises ; elle s’abandonne à l’espoir berceur d’une passion héroï-comique où un énergumène amoureux, pâle et palpitant comme un Antony, lui dédiera sa vie entière dans un langage dramatique et troublant. Elle esquisse le portrait de ce jeune homme : il sera mince, fluet comme le roseau qui ploie et cependant nerveux et indomptable ; son visage pâle et olivâtre, encadré de longs cheveux pleurant sur son large front, s’éclairera du feu de ses regards ardents, et sa bouche convulsée n’osera parler ; ils se comprendront et s’aimeront saintement, sans se laisser aller aux tumultes qui agiteront leur chair périssable ; ensemble ils sangloteront sur leur existence traversée d’impossible, elle déplorant les liens du mariage qui l’unissent à un époux qui n’a jamais lu en son âme débordante de tendresses ; lui maudissant le sort, invoquant l’enfer et les malédictions, criant anathème ! blasphème ! et damnation ! tout en dissimulant, sous le tragique éploré de ses phrases, son manque de virilité agissante et la mesquinerie de sa volonté infirme.
La jeune fille dans cette atmosphère apparaît avec l’exquise ingénuité que lui prêtent les gravures de keepsake ; la douceur de sa voix, la pureté de ses formes, le charme qui l’environne sont troublants et adorables, et l’on peut dire que jamais la jeune fille n’a été plus angéliquement « jeune fille »