Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/265

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connaître la raison des choses et à déchirer les voiles qu’on lui oppose.

Tout parle à ses sens, car tout germe, tout fermente, tout pousse, tout se développe autour de lui. Rien ne murmure dans son cœur laissé en jachère, sans culture sentimentale et sans idéalité. Entre le père, qui entend qu’on travaille ferme et le rudoie, criant : « gamin, va quérir les vaches ! » et la mère accablée de travail, qui, à la fois, écume la marmite pendue à la crémaillère, chasse en jurant les chiens de la chambre, gourmande et mouche les mioches, relève la litière des bœufs, gave les dindons, jette l’avoine aux poules, écréme les pots de la laiterie, nettoie la bauge du porc, — cet asiatique de basse-cour ; — entre ces deux êtres courbés sur la terre, plus myopes sur la vie que des sauvages du centre de l’Afrique, le pauvre enfant ne connaît point ces refuges caressants, ces gîtes douillets et reposants, où des parents épient anxieusement l’éveil des idées et la poussée morale de leur fils, à mesure de ses degrés de croissance.

A sept ans, il a déjà l’aspect fatigué, vieillot, d’un petit homme avec ses culottes rapiécées, montant au-dessus des hanches et retenues par des bretelles minuscules. Les mains dans les poches, la gueule ouverte, l’œil malicieux, il assiste à toutes les opérations agricoles. Déjà dur à la fatigue et habitué aux privations, il suivra le père à la charrue, marchant