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Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/317

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diculaire, les longs gants de Suède tombant à moitié sur le siège, le manteau drapé sur le dossier et le chapeau piquant ses notes éclatantes et soyeuses à côté de la voilette pailletée, de l’éventail ou du manchon de renard bleu.

Bien plus — et ceci pour nous autres efféminés de l’art a une importance extrême — on peut dire que la Parisienne est la seule femme qui sache se déshabiller aussi coquettement qu’elle sait se vêtir ; la seule qui possède cette si délicate façon de se mettre au lit comme il faut. Elle n’apporte dans cette opération ni fausse pudeur, ni gaucherie : cela est ravissant à observer. Il n’y a là ni cette passivité lasse de la fille qui se dépouille, ni cette mortelle lenteur de la prude qui laisse passer une hésitation ou un remords entre chaque bouton à défaire, il y a cette bravoure qui dislingue en tout cette raffinée et qui fait que lorsqu’elle délace son corset, les Grâces et les amours semblent lui venir en aide.

Parlerai-je des gentillesses intimes de cette fée mignonne ? Insisterai-je sur ses effronteries, ses caprices, ses pétulances, ses bouderies mêmes, plus piquantes parfois que ses exaltations passionnées ? Gela risquerait de devenir scabreux. Ce sont là chatteries douillettes qui ne s’expriment que dans la tiédeur des enlacements. La Française, à vrai dire, montre plus de liberté que de libertinage, plus d’enjouement que d’ardeur desséchante, plus d’art de