Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/35

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fée ne lui bailloyt la fressurade tant soubhaitée. Aupréz des filles, plus n’avoyt-il le bec affilé comme un papegay. Il se tenoyt prez d’elles froidement, comme le bénitier en une esglise, prez de la porte, loin du chœur, et son esprit tant estoyt em- poisonné, martyre et guasté de chouses desplai- santes qu’il ne contrœilladpit mesme plus aux gouges fenestrières qui l’appeloient au passaige. Pour tout dire, il gualloyt en loup marin, faisant d’une mouche ung éléphant et cuydant que l’appétit sensitif ne luy devoy t advenir que trois iours après iamais.

Il cheut enfin de fièvre en chauld mal, bientost il ne sortoyt plus de son logiz, deveneu lycanthrope, homme loup et daemonomane ; parfois il haraudoyt le Dyable et parfois l’esvocquoyt. Plus a Sathan, dict-on, plus veult avoir ; Manigarole eustphantaisie de converser avec les essences des chouses occultes ; il emplist sa demeure de livres de magie, de traitez ; d’apparition, de cabale, de devination qu’il dévo- royt gloutonnement avec des yeulx escarbillards, ardent en ceste estude comme une commère à flairer le mal. Il s’adressa aux esprits planéttaires, usa d’œuvres et de recettes magicques et se donna tout à la fois à la magie blanche et à la magie noire, à la Thèurgie et à la Géode.

Ores, certain soir, il leut avec délectation la mi- rificque Mesthode d’Arnauld de Villanova pour ope-