Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/72

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l’un la fait blanche, l’aultre brune, l’un molle et déli- cate, l’aullre forte et vigoureuse ; qui, y demande de la mignardise ; qui, de la fierté et de la majesté. »

Ce qui est indesniable cependant, c’est la varia- tion du goust pour les formes féminines à différentes espoques ; peut-estre ne faut-il veoir là qu’une ques- tion de température morale, comme on l’a prestendu, et, si le critérium du Beau est l’Amour qu’il inspire, il est juste d’adjouster que l’idéal d’un peuple est par- fois assujetty àcerlaines idées presdominantes venues de hault ; c’est ainsy que le type réel Toyalement vanté, recogneu et généralement adoré, le vrai type de la beauté féminine au xvi° siècle fut cette Diane chasseresse, symbolisant les grâces d’une concubine royale qui sçut maintenir son pouvoir pendant deux règnes et marquer son passage icy-bas par la créa- tion de plus d’œuvres d’art à son image qu’aulcune aultre femme n’en inspira jamais.

La m^istresse des poètes de la Renaissance fust doncques en général mignonne et poupine, blanche et blonde, plutost maigrette que grasselette, bien que Ilonsard se soit laissé veoir dans ses Gayetès très éclectique pour son temps en chantant l’une et l’autre au mesme diapason :

Une jeune pucelette, Pucelette grasselette, Qu’csperduement j’ayme mieux Que mon cueur ny que mes yeux,