- Tout ainsy qu’en amour, le plus excellent bien
- Est d’aymer une femme et sçavante et gentille :
- Aussy le plus grand mal à ceux qui ayment bien,
- C’est d’aymer une femme indoctc et mal habile.
- Une gefitille Dame entendra de nature
- Quel plaisir c’est d’aymer, l’autre n’en aura cure,
- Se peignant un honneur dedans son esprit sot.
- Vous l’aurez beau prescher et dire qu’elle est belle,
- Froide comme un rocher, vous entendra près d’elle
- Parler un jour entier et ne respondra mot.
Cela implique bien, n’est-il pas vray ? cette pas- sion si françoise des conversations aimables et des biendisances entre amoureux ; on aymoit desjà plus que tout les paroles blandissantes, l’accortise de l’esprit, le pathelinage des respliques, les mignar- dises et les bragueries courtisanesques et folles, toutes les petites guerres du sentiment, les musar- dies du cueur avant de livrer assault.
Lespoëtes d’alors n’estoient point des pauvreteux d’imagination, des guenilleux comme fust plus tard un Collelet fils, mais bien plutost de gracieux damoi- seaux qui prenoient titre de gentilshommes et qui n’estoient pas jugés indignes de s’apparier avec de nobles dames de plus haulte condition.
Puis, ils chantoient, nous allons en juger, si mélodieusement, leurs Souspirs, leurs Baisers, leurs Rancueurs et leurs Adieux ; ils peignoient si genti- ment, avec tant de suavité la mie de leur choix !