Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

auteur tragique à l’enseigne de Robert Garnier, nous la fournira parmy dix aultres. Impossible d’estreplus dameret, plus mourant et plus enjoué à la fois. Grévin eust fait asseurément sa fortune cinquante ans plus tard dans le salon bleu d’Arthénice :

Passant et repassant devant Fhuys de ma mie,

Je trouve un escadron de jeunes amoureaux,

Qui, avec leurs carquois remplis de traicts nouveaux,

Ne me font qu’espier pour arracher ma vie.

Et alors qu’asseuré j’ay la meilleure envie D’endurer vaillamment les plus cruels assauts, C’est alors que j’augmente au double mes travaux, Voyant devant mes yeux une doulce ennemie.

Ces guerriers sont campés, les uns dedans son sein, Les uns dans un bouquet qu’elle tient en sa main, Les aultres sur le val de ses deux mammelettes.

Mais, hélas ! les plus fiers et les plus furieux Sont tous en embuscade à l’entour de ses yeux, Ainsi que sur le thin un grand essain d’avettes.

Qui choisir encore dans cette élite des poésies françoises, au milieu de tant de poëtes merveil- leusement doués pour exprimer leurs flammes ? Parmy de si nombreux génies anacréontiques, quoy cueillir si ce n’est ces pièces où la verve mouve- mentée des Baisers présente des allures si chaudes, si fiévreuses que la mie doucerette s’y laisse veoir ingénuement en bacchante eschevelée ou en colom- belle becquetante et fresmissante. Olivier de Magny