Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/94

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Et moy, sçachant cette inconstance, Le mien aultre part j’ai rangé. Jamais beauté si légère Sur moy tant de pouvoir n’aura. Nous verrons, volage Bergère, Qui premier s’en repentira.

Tandis qu’en pleurs je me consume,

Maudissant cet éloignement,

Vous qui n’aymez que par coustume,

Caressiez un nouvel amant.

Jamais légère girouette

Au vent si tost ne vira.

Nous verrons, Bergère Rozette,

Oui premier s’en repentira.

Celuy qui a gagné ma place

Ne vous peut aymer tant que moy ;

Et celle que j’ayme vous passe

De beauté, d’amour et de foy.

Gardez bien votre amitié neuve ;

La mienne plus ne variera.

Et puis nous verrons à l’espreuve

Qui premier s’en repentira.

Ne sent-on pas combien le poëte des Contes d’Espaigne et d’Italie s’est plus tard inspiré de ces rhythmes délicats et railleurs à ses heures de folles tristesses amoureuses, quand les trahysons de ses amantes lui rongeoient le cueur ! C’est que l’âme des resveurs est éternellement semblable et passe par des sensations estouffantes qui lui donnent de belles envolées vers les mesmes paradis d’idéal, et, —quel-