Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/99

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citer ces passaiges ; mais il ne faut oublier que Tahu- reau est le seul peintre en son genre des caracthères de son époque • Son ironie est inexorable ; il fouaille superbement ce qu’il croyt estre les ridicules à la mode et il occupe une place tant originale entre Henry Estienne et Théodore de Bèze. En oultre, sa satyre ne portoit pas tousjours à faux, si Ton observe qu’en dehors des poètes que nous avons citez, il exis- toit des grotesques ampoulés qui, comme Claude de Pontoux, ne craignoient pas de peindre les souf- frances qu’ils subissçient pour leur Mie par des mé- taphores aussy extravagantes que celles-cy :

Mon pauvre cueur, hélas ! lui sert d’enclume, Mes souspirs de soufflets, mon foye de fourneau : Pour arrouser son feu, mes pleurs lui servent d’eau.

Desportes, qui fust réellement le premier poëte françois dans toute sa puissance et sa verve, et qui joua un rosle plus efficace que Malherbe, à ce point qu’on devroit dire : Enfin Desportes vint…, bien qu’il vécut sous Henri III, — Desportes, ce bon chanoine de la Sainte - Chapelle, a laissé des vers admirables sur l’inconstance féminine, qui font sin- gulièrement pressentir Molière dans leur eston- nante vigueur. Ils se rencontrent au cours d’une de ses plus parfaictes élégies :

Féminin cerveau ! — dit-il en souspirant, Traistre, feint, sans arrest, deçà, delà courant,