Lazare, mon pauvre Lazare,
Frère de mon cœur, de ma chair,
Est-ce que la mort nous sépare,
Malheureux qui me fut si cher ?
Pour toi, défunt, je souffre encore ;
Tes maux en moi saignent toujours ;
Éperdûment pour toi j’implore
L’aube divine et le secours.
Mais rompant soudain le silence,
Une grande voix retentit ;
Mon âme vers elle s’élance
Dans un ravissement subit.
Elle dit : « Heureux ceux qui pleurent
Parce qu’ils seront consolés ;
Bienheureux les miens ! Lorsqu’ils meurent,
Dans mes bras ils sont rassemblés. »
Et le ciel s’ouvre et se colore
Là-haut, là-haut dans le lointain ;
Une lueur promet l’aurore,
Annonce l’éternel matin.
Tous ceux qui passaient sur la route
De toi ne se détournaient pas ;
Tes larmes, tombant goutte à goutte,
Dieu les comptait comme tes pas.