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Page:Véga - Les présences invisibles, 1932.djvu/221

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comment nous les faisons revivre ici-bas

colorés que les queues des paons errant dans les jardins, diamants pareils aux étoiles changeantes et limpides des beaux soirs d’été.

La veuve aux yeux sombres, creusés par les larmes, ouvre les cassettes d’argent et d’acier damasquiné, les écrins de cuir doré ; elle manie, en soupirant avec respect et regret, ces bijoux qui lui rappellent les magnificences et les plaisirs disparus : pesants colliers, diadèmes flamboyants, girandoles étincelantes. À côté d’elle, la religieuse en robe de bure, parée seulement de son crucifix et de la grâce délicate de son aimable et charmant visage, demeure silencieuse par humilité. Mais quelle lumière dans ses vives prunelles, quel sourire mystérieux et tendre sur ses lèvres ! Elle voit en esprit les merveilles des cieux où ses prières et ses extases la transportent déjà, cette clarté « auprès de laquelle les rayons du soleil, dit-elle, ne sont plus que laideur », cette beauté dont la contemplation l’inonde de délices inexprimables ; et de toute son âme comblée, elle plaint la pauvre âme désolée qui s’attache à des pierres comme à des choses de prix.

« J’ai appris, écrit-elle, à connaître notre vérî-