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comment nous les faisons revivre ici-bas
Si nous ne restions pas, nous, aveugles et sourds,
Si nos rires nos cris, nos sanglots faisaient trêve,
Nous entendrions mieux, nous verrions nos amours ;
Nous saurions, résignés à notre épreuve brève,
Que le rude chemin conduit à la maison,
Que l’orage nous jette à l’éternelle grève.
Ne cherche pas tes disparus sous le gazon,
Ne ferme pas ta porte aux célestes convives
Qui t’entraînent sans bruit vers un autre horizon ;
Ils veulent qu’auprès d’eux, avec eux tu revives…
Contemple dans ton cœur les visages aimés :
L’infini se reflète au sein des sources vives,
Le ciel est dans les yeux que nous avons fermés.
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