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la grande question

une mystérieuse, une ineffable intuition ; tu n’es pas loin !

Si le fond obscur, l’inconscient de nous-même, n’admet pas la notion du néant, si notre pensée se refuse à la concevoir, si notre amour la repousse avec angoisse, notre sentiment inné de la justice s’y oppose tout autant :

« Car nous sommes d’un monde où les plus belles choses
Ont le pire destin. »

Et l’on ne saurait nier que les martyrs, les sacrifiés, forment l’élite de l’humanité, ce qu’il y a en elle de plus touchant, de plus lamentable et de plus sublime. Certes l’immolation héroïque d’un moment peut être une joie magnifique, une délivrance glorieuse… Mais les lentes tortures, les ignominieux et obscurs supplices, les infamies subies, les angoisses éprouvées par d’innocentes victimes sans aucune défense, par d’indomptables témoins, par des cœurs patients et dévoués, comment seront-ils vengés et récompensés ? Qui oserait proclamer l’existence d’un Dieu juste et nier la vie éternelle ?

Aussi l’affirmation de cette vie éternelle se trouve-t-elle à la base du christianisme dont on