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VÉNUS EN RUT

J’étais logée à l’hôtel de l’Europe, où je ne voulais pas qu’on avertît Foxmouth de mes incartades ; il m’avait laissé Honoré, qui, au lieu de prospérer, était devenu diaphane entre Fanchette et moi. Zest, mon coiffeur, me peignant un matin, voyant ma gorge nue, et mes yeux animés, ayant hasardé une chanson nouvelle, très poivrée, voyant que j’applaudissais, laissa tomber son peigne, et parcourant mes cheveux, sans trop savoir ce qu’il faisait, se permit des caresses qui excitèrent mon imagination ; il me promit la plus galante coiffure, si je voulais ne pas ménager celle qui était commencée ; que veux-tu ? C’était un homme à ajouter à tant d’autres : Mars fut toujours pour les nombreux bataillons ; Vénus aime à voir compléter ses légions. Je quittai ma toilette, me mis sur mon lit, il me le mit assez passablement ; tu vois que cette conjugaison n’est pas longue. Cette mauvaise farce subsista, jusqu’à ce qu’une avanie pour moi, des coups de bâton pour lui, mirent fin à ce poudreux commerce.

Foxmouth mit à la voile pour Livourne ; je le suivis, et fus dans ma tartane d’une sagesse rare ; mais Rome devait me fournir des dédommagements.

Il serait absurde de vouloir te peindre les monuments somptueux de l’architecture ancienne et moderne de cette ville célèbre, qui fut, jadis,

  
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