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VÉNUS EN RUT


rue de Richelieu, près du prince qui m’avait très bien traitée, et qui était homme si échauffé de la route, qu’il aurait voulu, à chaque station, être rafraîchi.

Mon compagnon de voyage et de lit reçut des ordres du monarque qu’il servait, car tout est cascade dans ce monde ; il fallut aller à sa cour : il me quitta, me laissant des preuves de son amitié, et pria le commandeur de Tunderswantz d’avoir pour moi les égards que je méritais ; ces égards consistaient à en manquer souvent ; aussi le commandeur me laissa peu à désirer, quant au physique ; c’était le plus nerveux gentilhomme de la Forêt noire ; il aurait cependant perdu cette vigueur qu’il tenait de ses ancêtres, s’il avait vécu plus longtemps avec moi, qu’il appelait lime douce, parce que, chaque jour, il sentait son priape baisser d’une ligne.

Parfaitement ma maîtresse, tu me vois livrée à mon goût favori, ne voulant pas encore me donner un maître, car les entreteneurs sont quelquefois plus exigeants que les maris ; ayant une cassette assez bien garnie, je résolus d’élever le bonnet de la liberté, et de jouir de mon indépendance. J’allais tous les jours au spectacle : je vis l’Opéra, si supérieur à celui des provinces ; les Français, qui commencent à respecter le public, et méritent de lui plaire, par leurs talents : les Italiens, chez qui on trouve la gaieté et la naï-