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VÉNUS EN RUT


naître pour me décider à quitter Paris. J’entendis au spectacle des jeunes gens qui se disaient :

— Elle a le diable au corps ; on assure qu’elle romprait un vit d’acier. Duc, veux-tu en essayer ?

— Non, pardieu, marquis ; elle est jolie, mais elle m’avalerait comme une fraise.

— Et toi, chevalier, t’en régaleras-tu ?

— Je n’oserais, elle doit avoir besoin des poudres de Goderneaux ; elle a, dit-on, eu Paris et ses faubourgs.

J’étais sur un brasier ; je sortis après la première pièce : mes critiques m’attendaient dans le corridor, et, descendant derrière moi, me chargèrent d’épigrammes et de calembours.

Je dis à Fanchette, en rentrant, qu’il fallait faire nos coffres et changer de théâtre : elle me répondit qu’il fallait attendre ; qu’un monsieur, parlant mal le français, mais ayant une superbe voiture ; d’une mine commune, mais ayant de beaux laquais ; d’une encolure épaisse, mais ayant des chevaux lestes, était venu me voir et reviendrait le lendemain à ma toilette, et qu’elle croyait que cet étranger avait des vues dont on pourrait tirer parti.

Résolue à ne plus sortir, un jour ou deux était peu de chose ; j’attendis mon homme avec une recherche étudiée. À dix heures, un carrosse s’arrête à ma porte ; le maître se fait annoncer :