toutes les ressources de l’art aérostatique. J’acceptai,
avec d’autant plus de plaisir, que je savais
de l’Aigle joli homme. Nous partîmes le lendemain
et trouvâmes au château de Rosemonde la
plus agréable compagnie : je ne te peindrai ni
les appartements, ni les jardins de ce séjour
enchanteur ; je les crois de la main d’une puissance
supérieure du Ginistan : des plaisirs
variés et successifs nous amenèrent au jour
indiqué pour l’expérience.
De l’Aigle voulait avoir un compagnon de voyage ; un jeune officier de dragons s’offrit et fut accepté : mais je dis au galant aéronaute que je demandais la préférence ; que rien n’était si simple que de trouver de l’audace chez un militaire, et que je briguais l’honneur de monter avec lui dans les régions les plus élevées : on me loua, on me blâma ; l’approbation du physicien me détermina ; je lus dans ses yeux sa joie de me porter au séjour du tonnerre et de n’avoir pour témoins de ce qu’il se promettait que les Sylphes.
Tout étant préparé, notre ascension fut rapide, perpendiculaire, superbe. Quand on nous eut perdu de vue, tout allant à merveille, l’aimable artiste me dit :
— Charmante baronne, nous sommes seuls dans l’univers, celui que nous apercevons sous nos pieds vous regrette sans doute, je saurai